Physical Address

304 North Cardinal St.
Dorchester Center, MA 02124

Le lys, fleur d’élite

Son pedigree et ses états de service lui collent au pétale. Son port aristocratique, son col empesé et son petit côté vieille France aussi. Le lys royal pourra-t-il échapper aux salles d’apparat, aux appartements feutrés, aux boiseries dorées et autres cérémonies solennelles auxquels il est habitué ?
Rue du Faubourg-Saint-Honoré, Lachaume, le plus vieux fleuriste de Paris, prend soin de ne jamais en manquer. Pour satisfaire sa clientèle d’ambassadeurs, de présidents et de royautés européennes, mais aussi « d’architectes et de galeristes qui apprécient sa ligne graphique », Caroline Cnocquaert, PDG de la maison, les achète « la tige la plus longue possible » et porte une affection particulière au multiflore Longiflorum serene. La variété la plus blanche, la plus conique, la plus fermée et la moins marquée en parfum de toutes. L’œil averti de la fleuriste a cru en reconnaître de superbes spécimens défilant sur le cercueil de Lady Di le jour de ses obsèques.
Caroline Cnocquaert trouve le Casablanca intéressant mais un peu trop extraverti et m’as-tu-senti. Sa fleur s’ouvre trop largement à son goût. Son parfum, très entêtant voire corsé, lui interdit l’accès aux chambres des palaces et aux salons où l’on cause, et, à peine frôlées, ses étamines couleur terracotta laissent irrévérencieusement tomber leur poudre sur les moquettes et meubles précieux. Ça tache. En général, les fleuristes attentionnés prennent soin d’enlever les étamines dès que les lys commencent à s’ouvrir. Y compris les plus pâles. « Pour ne pas qu’elles salissent chez le client », explique Caroline Cnocquaert. Ni qu’elles manquent d’intoxiquer un de leurs animaux domestiques qui s’en approcherait de trop près.
Les lys royaux de chez Lachaume sortent aussi du 103 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré « avec le moins de feuilles possible, car elles commencent à jaunir au bout de deux jours ». Alors que leurs pétales peuvent mettre cinq jours à se décoller et commencer à s’ouvrir. La fleuriste déconseille de les couper, promet que quelques tiges suffisent à « faire un très beau bouquet » et suggère de les mettre à l’eau dans des grands vases plutôt étroits et de les faire dépasser d’une trentaine de centimètres.
Elle reconnaît que « la fleur de la royauté » ne fait pas dans la légèreté, que même mélangée à des roses rouges à longue tige, des grandes agapanthes, voire un hortensia, la composition reste très classique. Pour un bouquet plus baroque, elle suggère de le désassortir avec une fleur de son rang, le tournesol. L’autre roi-soleil.
Zone de prédilection Tout type de terre, y compris en bac, tant que le sol est bien drainé et ensoleillé.
Floraison De la fin du printemps au début de l’été.
Entretien Planter ses bulbes rapidement après l’achat pour ne pas qu’ils s’abîment. Tuteurer les fleurs en terre et les retirer une fois fanées.
Aime Etre alimenté en engrais durant sa croissance et en compost à l’automne.
N’aime pas La compagnie du criocère, un petit coléoptère rouge dont les larves et les adultes dévorent ses feuilles et ses fleurs.
Julie Lasterade
Contribuer

en_USEnglish